Alors, Amédée V, quel genre d’époux était-il ? Cœur de pierre ? Cœur d’artichaut ?
Un cœur vaillant ! C’était un bagarreur ! Il a bataillé contre Genève, contre le Dauphiné, et même contre le Saint-Empire romain germanique. Son surnom était sobre et efficace : « Le Grand », parce qu’il avait accompli de grands exploits et qu’il était… grand. C’était aussi un grand maniaque. Pour notre union, il a exigé des contrats de mariage dignes d’une star d’Hollywood. Une de ses exigences, c’est qu’il voulait une ribambelle d’enfants pour assurer la lignée. Je lui en ai donné sept ou huit, j’ai perdu le compte, à force… et j’ai aussi fini par perdre la vie, à 39 ans. C’est moi qui ai fondé le fameux « Club des Quatre ». Vous savez, celui qui regroupait les quatre comtesses ou duchesses de Savoie mortes en couches. Mon seul podium… L’infamie totale !
Donc, vous avez plutôt subi cette union ?
C’est pas peu dire ! La Savoie a eu ma peau ! Avant de mourir, j’ai à peine pu faire un testament dans les règles, paraphé par mon époux et moi-même. J’ai légué des sommes importantes pour que des messes soient récitées en ma mémoire et celles de mes proches. Ils ne sont pas tous devenus souverains de France, je le sais, pas comme avec ces dames de Bourbon ou de Berry, mais leur importance n’en demeurait pas moins grande à mes yeux ! Je me suis également assurée de l’avenir de mon fils aîné, Édouard. Mourir, c’est une affaire sérieuse pour une maman…
Interview basée principalement sur la publication scientifique : Vies de princesses ? Les femmes de la Maison de Savoie (XIIIe-XVIe siècle).