Yolande de Montferrat, permettez une question naïve. Pouvez-vous indiquer à nos lectrice et lecteurs quelle est votre patrie d’origine ?
Yolande de Montferrat : Vous ne connaissez pas le Montferrat ?! Che ignoranti gli Svizzeri! Le marquisat de Montferrat, c’était la classe en Italie, parce qu’il était gouverné par ma famille, apparentée aux empereurs byzantins. Quoi ? Vous ne connaissez pas non plus Byzance ? L’Empire romain d’Orient ? Les mosaïques en or ? Le savoir antique ? Mon père, Théodore de Montferrat, était lui-même le fils d’Andronic II, dit… « l’Ancien ». Oui, c’est un surnom qui veut bien dire ce qu’il veut dire, mais je ne vous permets pas d’en rire, surtout quand on vient d’un pays où les politiciens s’appellent Ueli ou Simonetta !
Revenons à vous, Votre Altesse. Comment votre père est-il passé d’un empire en Orient à un bout de terre en Italie ?
Un bout de terre !? Arrogante! Le prédécesseur de mon père, qui s’appelait Jean Ier de Montferrat, est mort sans héritier. Attention, si vous faites la blague de l’appeler Jean Ferrat, j’ordonne qu’on vous coupe le nez ! Or, ce Jean avait une sœur qui avait elle-même épousé Andronic II, devenant ainsi impératrice. Jean était l’oncle de mon père, vous suivez ? Donc, c’est lui qui, en qualité de neveu, lui succède. Dans la foulée, il épouse la fille de l’amiral du roi d’Aragon et de Sicile… Deux enfants naissent de cette union. Je suis l’aînée, millésime 1318, et mon frère Pierre me suit, trois ans plus tard. È bellissimo!