Quel rôle avez-vous joué à la Cour de Savoie ?
J’étais la personne qui devait enfanter, en priorité des héritiers mâles. Je devais être tout le temps grosse pour assurer la lignée ducale. J’ai donné naissance à 10 enfants, mais le Seigneur les a rappelés à lui, sauf un fils, Emmanuel-Philibert, qui a par miracle atteint l’âge adulte. J’ai également joué un rôle politique et diplomatique, en intercédant auprès de mon beau-frère l’Empereur Charles Quint qui avait marié ma sœur, Isabel. Il fallait protéger le duché de Savoie. J’ai aussi écrit à mon frère Jean III pour obtenir une aide financière. Une éducation humaniste reçue grâce à ma mère, mes lectures, comme le Livre des trois vertus à l’enseignement des dames de Christine de Pizan, et mes connaissances en latin m’ont servi dans plusieurs situations avec les hommes d’Église et les autres. J’ai appris qu’il y avait au moins deux points de vue et qu’il fallait conjuguer au mieux. C’est comme quand on a fait mon portrait… mon époux et l’artisan me rappelaient de ne pas sourire autant, la bouche ouverte, au risque de passer pour une femme vulgaire… C’est pourquoi j’ai quand même souri, en serrant les dents.