Dans un précédent article, nous expliquions que le joyau a été perdu à la fin du XVIIIe siècle. Comment le joaillier bernois Rolf Nopper, qui a réalisé cette commande artistique exceptionnelle, a-t-il pu travailler ? Est-il parti de « rien » ou s’est-il basé sur des éléments attestés ?
Le fait que l’anneau ait disparu ne signifie pas qu’il n’en reste aucune trace.
Il est connu par un croquis réalisé au XVIe siècle par le baron Emmanuel-Philibert de Pingon, historiographe de la Savoie. Celui-ci en livre deux descriptions différentes. Une première dépeint un anneau d’or avec deux paons gravés sur une agate. Après des recherches supplémentaires, il en livre un second portrait plus détaillé :
« C’est un saphir en forme de grand ovale régulier, enchâssé dans de l’or absolument pur, d’un poids d’environ huit couronnes. Sur le saphir est gravé, pour servir de sceau, un cavalier vêtu d’un paludamentum (S. Maurice), portant de la main droite une lance, dont la pointe est inclinée vers le bas. De l’autre côté (sur l’anneau), on voit un paon regardant à gauche. »
Cette description donne à la pierre une taille importante qui explique le diamètre très large de l’anneau. Il faut cependant prendre avec des pincettes le travail de Pingon. Le fait qu’il livre deux portraits différents concernant l’anneau prouve qu’il ne l’a jamais vu et que ces travaux se basaient uniquement sur des lectures de sources plus anciennes. En l’état, il constitue cependant le témoin le plus ancien de l’aspect de l’anneau de Saint-Maurice.