Oui, c’est ce qu’on appelle une démarche ou une vision. C’est important pour les artistes, vous savez.
De mon temps, on n’en avait cure de raconter la vérité d’un règne dans une Chronique, par exemple. Le but était de dérouler des faits importants, un peu génériques et parfois avec moult merveilles, pour montrer qu’un prince avait été un bon dirigeant béni par Dieu. Alors, il me sied que Leah Linh ait représenté ce qu’elle veut dans son exposition. Ce qui m’a fait surtout plaisir, c’est qu’elle ait peint mon attachement au château de ChillonTM.
Pourquoi ça ?
Parce que je l’ai aimé ce monument. J’y ai vécu si longtemps… Avant de devenir comte de Savoie, j’ai été seigneur de Chillon. C’était réellement mienne résidence. Même après mon investiture à la tête du comté, j’y suis souvent revenu, quasiment jusqu’à ma mort. Et j’y ai vécu des moments assez cocasses. En mai 1255, j’y ai reçu des envoyés de la ville de Berne, venus me demander protection. Ils avaient voyagé déguisés afin d’échapper à leurs ennemis, les Kibourg, une puissante famille alémanique.
Assisterez-vous à une des visites guidées de l’exposition données par Leah Linh ?
J’aurais adoré, mais c’est elle la seigneure de Chillon désormais. En tout cas pour un temps. Je ne veux point entraver l’ordre des choses. Dites-lui bien toute ma sympathie, voulez-vous ?