Noël au Moyen Âge et à Chillon

En entrant dans la période de l’Avent, nous allons nous lancer dans les préparatifs habituels de Noël, fête qui représente un des moments forts de l’année : les achats de cadeaux, les riches repas en famille, la décoration du sapin et le visionnage de dessins animés réclamés par les petits et grands enfants.

 


Samuel Metzener

Des origines antiques

Qu’on apprécie ou non cette fête, Noël ne laisse pas indifférent. Pourtant, le visage mercantile que nous venons de décrire n’est pas très ancien. Il plonge ses racines au XIXe siècle, à un moment où la fête passe du domaine religieux à un cadre plus familial. Au XXe siècle, il culmine avec la figure de Père Noël, issue du folklore nord-américain. Mais Noël n’a jamais été figé au cours de l’histoire et s’est constamment réinventé.

 

Des origines antiques

Apparue durant le IIIe siècle, Noël est une fête chrétienne qui célèbre la naissance de Jésus. Le nom vient d’ailleurs du latin natalis dies, le jour de naissance. La date du 25 décembre a été choisie sous le règne de l’empereur Constantin, un siècle plus tard, pour coïncider avec les fêtes païennes du solstice d’hiver. Utilisée avec l’ensemble du calendrier romain, cette tactique de superposition a permis de supplanter progressivement l’ancienne religion.

Un Moyen Âge différent… pas tant que ça!

Au Moyen Âge, Noël ne ressemble pas complètement à ce que nous célébrons aujourd’hui. Voici un florilège de quelques différences.

Durant l’Avent, il était courant de décorer les maisons en y déposant des branches de houx, du lierre et des bougies. Les premiers sapins de Noël ne sont en revanche attestés qu’à partir du XVe siècle en Allemagne et en Alsace. Ils apparaissent tout d’abord au sein des corporations de métier et étaient décorés de pommes, symbole de l’arbre du jardin d’Eden, ou de pommes de pin.

  • La crèche est une invention médiévale. La tradition la fait remonter à François d’Assise. Impressionné par sa visite à la basilique de la Nativité à Bethléem, au Proche-Orient, le saint aurait décidé de recréer la même atmosphère à son retour en Italie. Il aurait mis en place une crèche vivante à Greccio en 1223. Que cela soit vrai ou faux, les moines franciscains diffusent la pratique en Europe. Il faut attendre le 16e siècle pour voir les premières petites crèches d’intérieur.
  • Le Père Noël n’existe pas au Moyen Âge. Les gens célèbrent saint Nicolas le 6 décembre. Selon la légende, celui-ci avait sauvé des enfants lorsqu’il était évêque en Turquie, au IVe siècle. Les enfants espéraient le voir descendre du ciel sur son âne blanc vêtu de sa mitre (chapeau d’évêque en forme de flamme) et de son manteau rouge avec sa crosse.

 

  • Comme pour d’autres fêtes religieuses comme Pâques ou la Pentecôte – qui sont à l’époque plus prestigieuses et populaires – Noël est précédée d’une période de jeûne : l’Avent qui commençait au mois de novembre avant d’être raccourci aux huit jours précédant Noël. Pour les gens du Moyen Âge, l’abstinence et la pénitence étaient des moyens de préparation pour rendre le corps apte à la célébration de la venue du Christ.
  • Au sortir de la messe de Noël, le soir du 24 décembre, il était commun de se livrer à un copieux banquet. Au menu, non pas de la dinde (qui vient d’Amérique et n’existe pas en Europe au Moyen Âge) mais de la charcuterie, du bœuf, de l’oie engraissée et des pâtisseries proches de la brioche.

Les banquets aristocratiques expliqués lors d’une visite guidée à Chillon © FCC Sarah Vez
  • Les célébrations s’étendent jusqu’à l’Épiphanie (la visite des rois-mages pour voir Jésus) le 6 janvier. C’est une période de liesse ponctuée de nombreuses réjouissances. On mange, on boit, on pratique des jeux d’adresse ou de hasard, on chante, on danse et on s’échange des cadeaux (plutôt au moment du passage à la nouvelle année).

Réjouissances et bonnes ripailles à Chillon © Fondation du Château de Chillon
  • Deux autres fêtes pouvaient encore s’ajouter à cette période déjà chargée : la fête des fous et la fête de l’âne. Se déroulant entre la mi-décembre et le début du mois de janvier en fonction du lieu, la première ressemblait au carnaval et présentait un renversement de l’ordre social. Les enfants devenaient évêques, les riches pauvres, les élèves enseignants, les femmes hommes, etc. On brûlait également les chaussures ou on dansait dans les églises en baragouinant un faux latin destiné à faire rire. Quant à la seconde, au début de l’année, elle rappelait la fuite en Égypte de la Sainte Famille pour sauver la vie de Jésus… mais en la parodiant. Une jeune fille entrait dans une église à dos d’âne en tenant un nouveau-né dans ses bras. Pendant ce temps, les fidèles terminaient les prières en remplaçant les amen par des « hi-han ». Au XVIe siècle, l’Église finit par interdire ces célébrations jugées trop subversives.

 

Indispensables aux habitants d’antan, ces forces de la nature sont aussi des puits à câlins.
Un âne à la © Fondation du Château de Chillon

Malgré la distance qui nous sépare désormais du Moyen Âge, on voit pourtant que certaines traditions encore en vigueur de nos jours se mettent en place à cette époque.La Fondation du Château de Chillon célèbre aussi Noël à sa façon pendant 3 weekends dont le 14-15 décembre 2019, Noël château de ChillonTM… Entre ateliers, contes et spectacles, la forteresse s’illumine et s’anime pour vous faire découvrir Noël comme on le fêtait jadis. Humez le doux parfum des sapins et savourez les délices médiévaux de nos cuisiniers. Admirez les reflets qui se dessinent sur la laque des poteries à la lueur des bougies. Prêtez une oreille attentive au délicat cliquetis de la forge qui rivalise avec le rythme soutenu des tailleurs de pierre et arrêtez-vous pour saluer les ânes du château. Des mélodies, des odeurs alléchantes et des personnages marquants entraînent petits et grands dans le château mythique décoré de verts sapins et de nœuds rouges.

Une joyeuse ambiance de Noël d’antan vous attend en partenariat avec Montreux Noël ! Venez en nombre!!!


Bibliographie

CONRAD, Philippe, Origines et traditions de Noël, sur Bibliothèque Clio, décembre 2001 (consulté le 25.11.19). https://www.clio.fr/bibliotheque/origines_et_traditions_de_noel.asp

VISSIÈRE, Laurent, « Les festivités médiévales », Historia, n°769, janvier 2011, p. 25-26.

WALTER, Phillipe, Mythologie chrétienne : fêtes, rites et mythes du Moyen Age, Paris : Editions Imago, 2011.

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