Au-dessus de l’entrée du château de ChillonTM trône une immense horloge. L’avez-vous vue ? Elle se mêle à l’architecture de la forteresse depuis plus de cinq siècles, mais elle se fait discrète face à la hauteur des murs et des tours.
Qu’à cela ne tienne, plongeons dans ses tics et ses tacs.
Horloge bernoise de Chillon
En 1536, les Bernois conquièrent le Pays de Vaud au détriment des ducs de Savoie, qui s’y trouvaient depuis plus de trois siècles. Ils s’emparent des lieux de pouvoir et les réutilisent. Les châteaux deviennent le siège des autorités bernoises locales. Pour ces pragmatiques nouveaux venus, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme…
Le château de ChillonTM ne fait pas exception. Il permet aux conquérants de s’affirmer de Vevey à Villeneuve et de sécuriser l’axe reliant le Chablais à Lausanne. C’est d’ailleurs non loin, à Villeneuve, qu’ils entretiennent deux galères héritées des Savoie afin de s’assurer une supériorité sur ce bout du Léman.
Rapidement, en 1540, les Bernois ordonnent la construction d’une horloge sur la tour carrée orientale de Chillon. En premier lieu, ils font réaliser la peinture du cadran. Trois ans plus tard, le mécanisme faisant fonctionner l’ensemble est amené par bateau avant d’être installé. L’ensemble est terminé en 1583, quand une cloche est placée dans les combles de la tour.
Cette mise en place en fait l’une des plus anciennes horloges du Pays de Vaud.
Cloche de la tour de garde de Chillon
À la Renaissance, le rappel du temps incombe aux autorités. Les horloges restent relativement rares. Une sonnerie n’est pas qu’une sonnerie, c’est un instrument de pouvoir pour les États modernes.
Construire une horloge à Chillon, c’est exercer une maîtrise sur le temps. C’est montrer aux habitants des environs le prestige, la richesse et la modernité du nouveau régime. C’est rappeler qui sont les maîtres. À ce petit jeu, les Bernois sont très habiles et utilisent des méthodes variées.
Par la suite, ils vont continuer à entretenir leur horloge. Au cours du XVIIIe siècle, ils ajoutent même l’écusson de leur canton sur la peinture du cadran. Bling bling quand tu nous tiens…
De nos jours, l’horloge s’est tue. Trop fragiles, ses rouages ne fonctionnent plus et devraient être restaurés. En revanche, l’ancien mouvement du XVIe siècle est conservé avec ses contrepoids le long du parcours de visite, non loin de son emplacement originel. C’est un vestige important de l’artisanat suisse de la Renaissance.
Venez plonger dans ce pan du passé de l’architecture de notre monument. Ne soyez pas en retard !
