Depuis quelques années, l’histoire du vêtement médiéval connaît un grand succès auprès du public à travers des expositions ou des publications de patronages et de reconstitutions de qualité s’appuyant sur la recherche universitaire. Le costume féminin est moins étudié que celui des hommes : du fait de l’organisation de la société, les sources médiévales, qu’elles soient iconographiques ou textuelles, laissent souvent les femmes dans l’ombre. Les documents des anciens états de Savoie, notamment les comptabilités princières, grâce à leur qualité de conservation et leur continuité temporelle, permettent toutefois d’appréhender la vie quotidienne des princesses de Savoie. Ainsi, folio après folio, les différents vêtements et leurs évolutions apparaissent au fil du temps, des chaussures aux diverses coiffes, en passant par les sous-vêtements et les pièces vestimentaires spécifiques aux voyages ou à l’accouchement. Les matières dans lesquelles sont taillés les vêtements des comtesses puis des duchesses sont souvent mentionnées et donnent alors des indications sur les usages des différentes fibres textiles et fourrures, la qualité recherchée et leur valeur symbolique dans un milieu princier constamment en représentation. La comparaison des achats vestimentaires des princes et des princesses illustre une forte dichotomie entre les deux sexes, que se soit en matière de quantité de vêtements ou d’accessoires, de types d’étoffes et de peaux utilisées, ou de couleurs. D’ailleurs, la première loi somptuaire savoyarde promulguée en 1430 rappelle qu’il y a prééminence du duc sur la duchesse dans le domaine vestimentaire.